Petite plaquette donnant des directives très pratiques pour bien célébrer la liturgie dans l’archidiocèse de Parakou
Rédigée par Monseigneur Pascal N'Koué et publiée en avril 2017
Quelques extraits :
n°1 La liturgie vient de Dieu "Trop souvent, la liturgie est devenue fabrication exclusive des hommes. On se met en équipe, on compose, on choisit arbitrairement les lectures, on modifie les paroles de la messe… La religion semble réduite à une expression cultuelle et même culturelle pour animer et faire plaisir aux assistants. C'est oublier que la religion chrétienne est d'abord Révélation ! Dieu a l'initiative. Il nous a aimés le premier (cf. 1Jn 4, 19). C'est lui qui nous convoque, c'est lui le grand ordonnateur de la liturgie. Elle ne peut être enfermée dans un cadre culturel ou dans les actes culturels ; c'est plutôt elle qui bouleverse l'ordre purement humain à cause du mystère qui vient de Dieu, même si comme la Révélation, elle utilise notre humanité et sa culture.
n°2. La célébration orientée "Il est légitime et même normal qu’à partir de l’offertoire, le prêtre soit tourné vers l’Orient, face au Christ, Soleil levant, Soleil de justice sans déclin, Soleil salutaire, qui reviendra de l’Orient (cf. Ac 3, 11 ; Za 14, 4). Ne banalisons pas ce symbole qui fait appel à la participation du cosmos : "Acclamez le Seigneur, terre entière"… (Ps 97,7). Le Saint Sacrifice prend en compte tout l’univers. "L’orientation vers le Seigneur s’avère non seulement plus conforme à la tradition la plus établie mais riche de significations mystagogiques très profondes"[1]. [1] Joseph RATZINGER, La célébration de la foi, p.137. (...)
n°5. Les petits autels secondaires "Le Concile Vatican II n’a pas demandé de supprimer les petits autels dans les églises mais de les diminuer. Par ailleurs, l’Eglise recommande au prêtre de célébrer la messe chaque jour, même en l’absence de fidèles[1], "sine populo". Or, là où il n’y a qu’un seul autel face à la grande nef, le prêtre qui ne concélèbre pas ne comprend pas pourquoi il faut célébrer individuellement. [1] "Il est nécessaire de rappeler la valeur irremplaçable qu’a pour le prêtre la célébration quotidienne de la messe, même sans le concours des fidèles", Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 49. "Les autels secondaires seront peu nombreux et, dans les nouvelles églises, on les placera dans des chapelles quelque peu séparées de l’espace principal" PGMR, 267. Les concélébrations se sont généralisées après le Concile Vatican II et cela risque de priver les prêtres de cette intimité exceptionnelle avec le Seigneur.
n°11. La soutane "La soutane (ou robe longue) qui descend jusqu’aux talons (talare) est toujours le vêtement normatif du clergé séculier, au Bénin, qu’elle soit noire, kaki ou blanche. Aux prêtres, je dis : portez sans honte votre soutane ou tout au moins votre col romain, quand vous sortez de votre lieu d’habitation, et quand vous êtes en service quelque part. Ne vous contentez pas de porter une croix. Serait-ce pour le folklore que vous avez fait le rite de la prise de soutane ? N’ayez pas honte de votre identité. L’habit fait aussi le moine. C’est une pastorale muette.
n°16. La croix au centre de l'autel "La croix sur l’autel rappelle le calvaire. C’est le point focal du culte divin. Elle doit être grande et visible de loin. Remettons-la à l’honneur, c’est-à-dire au centre de l’autel.[1] Qu’elle porte l’effigie du Christ crucifié pour rappeler la passion rédemptrice de notre Seigneur. C’est pour nous le symbole d’espérance le plus éloquent. N’ayons pas peur qu’elle domine sur l’autel. Elle n’est pas un obstacle entre le peuple et le prêtre. Elle est plutôt le signe qui nous rassemble (petits et grands, justes et pécheurs, catéchumènes et baptisés, laïcs, consacrés, prêtres…) et qui nous unit en Jésus-Christ. Et pour cela, elle doit avoir sa "personnalité" sur l’autel et même s’imposer. [1] "(La croix) devrait se trouver au milieu de l’autel et représenter le point focal commun pour le prêtre et les fidèles en prière… Ainsi (tous tournés vers le Seigneur) nous regarderions ensemble vers Celui dont la mort a déchiré le rideau du Temple", Card. Ratzinger, L’esprit de la liturgie, pp. 70-71.
n°23. L'inculturation "Comme on le perçoit, l’inculturation n’est pas ce qu’on pense. Elle ne peut pas se faire sans discernement. Ce n’est surtout pas la confusion ni le raccommodage entre la Bonne Nouvelle du Christ et toute culture humaine. Jésus a été clair là-dessus une fois pour toutes : "Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas". Or les cultures passent ou se transforment… L’inculturation suppose la lumière de la foi qui vient du ciel et son accueil humble et total de la part de l’homme. On pourrait dire que l’inculturation c’est le baptême de la culture.[1] C’est la foi en Jésus qui purifie nos coutumes. [1] La définition du Pape Jean-Paul II est contraignante : "L’inculturation signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines", Redemptoris missio, 52.
n°27. Le chant grégorien "Une place de choix doit donc être accordée au chant grégorien, ne serait-ce que le Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Pater, Agnus Dei.[1] Le grégorien est "le chant propre de la liturgie romaine"[2]. Il mérite de reprendre toute sa place dans nos liturgies sans supprimer nos rythmes africains. Le chant grégorien est plein de douceur, d’onction, de majesté et de piété. C’est le modèle suprême de la musique sacrée dans l’Eglise latine. Ces sublimes mélodies ont été composées à genoux, c’est-à-dire dans la prière, et elles ne servent que pour Dieu. [1] "Et comme les rassemblements entre fidèles de diverses nations deviennent de plus en plus fréquents, il est nécessaire que ces fidèles sachent chanter ensemble, en latin, sur des mélodies assez faciles, au moins quelques parties de l’ordinaire de la messe, notamment la profession de foi et l’oraison dominicale " PGMR 2002, 41.[2] Cf. Sacrosanctum Concilium, 36, 54 et 115 et Sacramentum Caritatis, 62.
n°57. La communion "Les fidèles communient à genoux[1] ou debout, de préférence sur la langue[2]. Toutefois, quand ils communient debout, il est recommandé, qu’ils fassent une inclination profonde ou même une génuflexion en signe de respect avant de se présenter pour recevoir le Corps du Christ[3]. [1] "Là où l’agenouillement et la génuflexion ont disparu de la liturgie, ils doivent être rétablis, en particulier pour la réception de notre Seigneur dans la Sainte Communion", Card. Robert SARAH, Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium. [2] "On a oublié que la distribution de la Sainte Communion dans la main est liée à un indult – une exception, pourrait-on dire – accordé par le Saint-Siège aux conférences épiscopales qui en font la demande… Recevoir l’hostie dans la bouche met en lumière la vérité de la présence réelle dans l’Eucharistie, elle aide la dévotion des fidèles et introduit plus facilement au sens du mystère", Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage des paroisses ordinaires, 159-160.[3] Redemptionis Sacramentum, 90.
n°64 Les deux formes du rite romain "S’il fallait schématiser ces deux formes, ce qui est forcément réducteur, on pourrait dire que la forme ordinaire ressemble plus à la Cène du Jeudi saint, alors que la forme extraordinaire insiste plus sur le Vendredi saint, au pied de la Croix du Golgotha. S’il y a eu ces deux moments voulus par le Christ, c’est qu’ils nous sont nécessaires. Gardons-les. Dieu ne permet rien pour rien.
"L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture" [2]. Aussi est-il nécessaire de connaître la forme ancienne, dite "extraordinaire", pour bien pénétrer le sens du rituel de la messe dans sa forme "ordinaire". La forme ordinaire (missel de Paul VI) et la forme extraordinaire (missel de saint Pie V réédité par saint Jean XXIII) sont deux mises en œuvre de l’unique rite romain[3]. Il serait souhaitable que les jeunes prêtres soient initiés aux deux formes au cours de leur formation[4]. Pour le Card. SARAH c’est tout simplement une question de bon sens: "La célébration pleine et riche de la forme ancienne du rite romain, l’"usus antiquior", devrait être une part importante de la formation liturgique du clergé. Sans cela comment commencer à comprendre et à célébrer les rites réformés dans l’herméneutique de la continuité si l’on n’a jamais fait l’expérience de la beauté de la tradition liturgique que connurent les Pères du Concile eux-mêmes et qui a façonné tant de saints pendant des siècles" ?[5] [1] PGMR, 6 [2] Benoît XVI, Lettre aux Evêques qui accompagne le Motu Proprio Summorum Pontificum.[3] Pape Benoît XVI, Summorum Pontificum : « Ces deux expressions de la "lex orandi" de l’Eglise n’induisent aucune division de la "lex credendi" de l’Eglise », art 1.[4] Au Grand Séminaire diocésain "Providentia Dei" de Parakou, on a introduit la forme extraordinaire. Cela se passe bien pour les professeurs et séminaristes.[5] Card. R. SARAH, Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium.