A Kpunan do ? Alafia. (En Bariba : Comment as-tu dormi ? Très bien)
Bonjour à tous et heureux de vous retrouver pour une nouvelle année de mission au Bénin.
J’ai passé un bon mois en France et visité successivement Saint-Patern de Vannes, Saint-Georges de Lyon, Notre-Dame des Armées de Versailles et Saint-Germain du Chesnay.
J’ai été partout très touché par l’accueil des confrères et des fidèles, par l’intérêt manifesté pour le chantier du monastère de Boko et pour votre grande générosité. Je repars bien revivifié.
Auparavant, lors des vacances de mon ministère à NDA, je « fuyais » un peu le monde pour avoir de la solitude. Cet été ce fut presque le contraire, dans la joie de revoir les uns et les autres. Je n’ai peut-être jamais autant expérimenté que l’amitié est un besoin vital !
A peine rentré au Bénin, les scènes de la vie quotidienne me replongent dans ce pays étonnant et passionnant.
En pleine ville de Cotonou, une voiture en panne sur le côté résume bien la philosophie des habitants.
Et c’est la prière de confiance de Sainte Thérèse d’Avila qui me vient à l’esprit :
« Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. »
Avant de partir cet été, il y avait un bon chien de garde. A mon retour un petit chiot l’a remplacé.
Je comprends à travers des confidences gênées des confrères que le chien est mort de faim : la cuisinière qui était seule dans la maison pendant trois semaines ne l’a pas nourri car dans sa famille il y a un « totem », une règle traditionnelle qui interdit de nourrir les chiens sous peine de malédiction.
Pendant mon absence les travaux ont continué. Le château d’eau et les chambres sont terminés.
Le château d’eau de 30 m3
Parfaitement fonctionnel, la pompe qui tire l’eau à 43m de profondeur est alimentée en électricité par des panneaux solaires situés au sommet du château d’eau.
Au sommet une belle vue sur le monastère en construction
Et le bâtiment de 12 chambres.
La peinture du bâtiment est volontairement marron-rose couleur poussière pour ne pas se salir trop vite.
Mille mercis aux fidèles et à l’association Notre-Dame de l’Atacora qui ont aidé à financer les travaux de ces deux bâtiments à hauteur de 18 500 €.
Cette année, il faut que j’arrive à terminer la cuisine, le réfectoire et les murs d’enceinte. Alors les sœurs pourront investir les lieux.
Petit périple en Afrique en début d’été
Je profite de chacun de mes voyages France-Bénin pour faire une petite escale dans un ou deux pays africains afin de découvrir ce magnifique continent et ses cultures. En octobre 2016, c’était le Sénégal (cf. lettre n°1), et début août 2017 j’ai pu passer une semaine au Gabon et une autre semaine à Sao Tomé.
Le Gabon
Situé au niveau de l’équateur, ce pays d’Afrique centrale est riche du pétrole. Ce pays n’a rien à voir avec le Bénin, ni au niveau de la culture ni au niveau des prix ! C’est comme une petite île luxueuse au milieu de l’Afrique.
Le bord de mer à Libreville
Arrivé à l’aéroport de Libreville je cherche à prendre un taxi. Le premier ralentit à mon niveau, je l’interpelle : « Bonjour, vous allez bien ? Et ce matin ? » Vroum, le taxi redémarre. Trois fois comme cela. J’écoute alors les autres clients et comprends qu’il faut d’abord « balancer » la destination et le prix de la course. Si le taxi est intéressé, il s’arrête. En gros, pour se faire prendre rapidement il faut mettre un bon prix, et c’est seulement une fois dans la voiture qu’on commence à dire bonjour.
Au cours d’une année j’avais appris au Bénin à poser au moins cinq questions sur la santé, la famille etc. avant de poser la question utile. Ici c’est tout l’inverse.
Je suis royalement accueilli à la paroisse Notre-Dame de Lourdes de Libreville tenue par les prêtres du Christ Roi Souverain Prêtre. Les chanoines Bergerot, Marc Téqui et Remi Téqui font là un apostolat remarquable auprès de la population du quartier.
Leur église avec sa façade en azulejos fait maintenant partie des dix monuments incontournables à voir à Libreville. C’est une merveille.
Paroisse Notre-Dame de Lourdes de Libreville avec le Chanoine Bertrand Bergerot
Puis départ en train pour le Parc de La Lopé par la seule ligne traversant tout le Gabon qui relie Libreville à Franceville.
Le but est de marcher trois jours dans la forêt à la recherche du gorille. Nous sommes un petit groupe de 6 touristes accompagnés par un guide. Nous apercevons des singes, une multitude d’oiseaux exotiques ; il y a les sons, les cris, les bruissements ; nous sommes vraiment en forêt équatoriale.
Nous surprenons la horde des gorilles. Aussitôt le mâle dominant se met à se frapper la poitrine et cherche à nous impressionner en poussant des cris. Les consignes sont claires : s’il s’approche rester immobile et faire comme si de rien n’était. Heureusement notre calme lui convient et il ne s’approche pas plus pour faire le grand jeu.
Puis sortie nocturne dans les petites rivières autour du campement de Mikongo à la recherche du crocodile nain. Un amour de crocodile !
Je continue le périple en allant rejoindre un ami des Chanoines du Christ-Roi, du nom de Béti, qui a monté un campement à Noynié sur la Pointe Denis.
C’est un Basque jovial qui accueille admirablement. Apéro à volonté, cuisine basque, piment d’Espelette et un bon sens de l’humour :
Le campement en bord de mer est vraiment loin de tout. Il faut traverser la baie de Libreville en canot pour se rendre sur la Pointe Denis puis encore une heure de 4x4. Une ONG a réussi à venir jusque-là pour promouvoir le préservatif et en a fourni un distributeur à Béti qui a trouvé la place idéale : dans la cage du crocodile. Bon courage aux volontaires !
Le crocrodile au premier plan, surveillant le distributeur installé sur la porte de la cage.
Puis safari dans le parc
pour voir des buffles et des éléphants
Enfin retour à Libreville et journée en bateau avec Arnaud Duffy dans l’estuaire du Gabon pour suivre les baleines à bosse. Nous sommes dans une petite barque et suivons les couples de baleines qui nagent tranquillement autour de nous. Nous les voyons sauter au loin, c’est magnifique.
Adieu au Gabon et mille mercis au Chanoine Bergerot et à ses confrères pour leur accueil fraternel.
Sao Tomé et Principe
A Libreville j’embarque dans un petit coucou dans lequel nous sommes 17. Départ pour Sao Tomé, petite île indépendante à 350 Kms du Gabon et ancienne colonie portugaise. C’est de là qu’est partie l’évangélisation du Bénin.
L’île fait 47 kms de long et 27 de large. Il y a une route qui va vers le nord, une route pour le sud et une route pour rejoindre le centre de l’ile qui culmine à 2024 m.
L’immense aéroport international
Je loue une petite moto et pars à la découverte.
Une population très fervente, avec des églises pleines en semaine
Avec les azulejos portugais
Le marché de Sao Tomé
Le fort portugais
L’ile servait d’escale entre le Portugal et l’Angola
Une île paradisiaque
« Vous entrez dans une zone libre de stress » … et c’est vrai !
Le centre et le sommet de l’île, un piton montagneux qui se perd dans les nuages.
Les vieilles maisons coloniales bâties sur les plantations de café.
Des plages magnifiques
Une population qui vit de la culture du café et du cacao
et de l’alcool de canne à sucre
Mais aussi de la pêche
Les femmes se retrouvent pour faire la lessive
La fête dans le village
où même le touriste est représenté avec son appareil photo
Ce fut une petite semaine de rêve sur cette île placée sur la ligne de l’équateur.