Cette deuxième année apporte moins de surprises. Je commence à m’habituer au style de vie, à la mentalité, au paysage.
Mais heureusement il y a toujours des choses étonnantes.
La dernière en date : un plat de chenilles. C’est un peu amer mais tout à fait mangeable.
7-9 novembre 2017
Je suis descendu à Cotonou pour m’occuper de ma carte de séjour. A cette occasion j’ai pu visiter la côte de Porto Novo jusqu’à Grand-Popo
Des plages magnifiques, mais la baignade est dangereuse à cause de la force des vagues.
C’est donc la sieste qui est privilégiée.
J’admire aussi la technique de pêche des riverains : dans la nuit un groupe d’hommes va jeter un filet au large en gardant une longue corde, puis pendant presque une demi-journée l’équipe au sol le ramène à terre à la force des bras.
Pour un beau résultat
Pendant ce temps, les femmes coupent les joncs et les font sécher dans le but de couvrir les pagodes
Au retour je m’arrête à Calavi dans la maison de formation des Petites Sœurs des Pauvres fondées par Jeanne Jugan. Un moment très joyeux avec les novices béninoises. Je pense à la belle maison des Petites Sœurs des Pauvres à Versailles.
24-25 novembre 2017
Depuis quelques temps, je réfléchis à mettre en place un atelier de fabrication de beurre de karité.
L’arbre, qui ne pousse qu’en Afrique de l’Ouest dans la bande subsaharienne, ressemble beaucoup au chêne et produit un genre de gland qu’on ramasse, broie, torréfie, et purifie. Ce qui donne une pâte blanche. L’Europe est en train de découvrir les qualités extraordinaires de ce produit. Cela donnera aux sœurs une source très intéressante de revenus.
J’ai pu assister au congrès national du beurre de Karité.
La filière repose essentiellement sur les femmes qui ramassent les glands dans la brousse.
Elles sont à l’honneur et ouvrent le congrès par une manifestation dans la ville.
Le gouvernement est en train de valoriser la filière. Un représentant du ministre du commerce ouvre la conférence.
Les photos officielles sont de rigueur
Le karité est comme de l’or pour le Bénin. L’arbre existe à l’état sauvage un peu partout dans la région, mais le nombre diminue chaque année malgré un décret de protection. Malheureusement personne n’en plante, car il faut attendre 20 ans avant que l’arbre ne donne ses premières graines. En effet, à cause des mentalités, de la pauvreté, les béninois plantent aujourd’hui pour récolter demain. Personne ne veut/ne peut attendre 20 ans avant de recevoir le bénéfice. Comme en Europe, évangélisée par les moines, seule l’Église peut envisager des plantations sur un si long terme. L’Eglise a le temps. On ne plante pas pour demain mais pour l’éternité.
Du coup je vais planter plusieurs hectares d’arbre de karité à la saison des pluies sur le terrain du monastère et installerai un atelier de fabrication.
25 décembre 2017
Noël a été un très bon moment. Simple, paisible, fêté avec les sœurs Contemplatives de Jésus Eucharistie.
Le matin il fait 23°C, les personnages de la crèche sont bien couverts à cause du froid
Repas de fête et ambiance fraternelle
Je sollicite des dons en France par le biais de l’association Notre-Dame de l’Atacora (que je remercie pour toute son aide), et sais pouvoir compter sur votre aide, mais il est important de demander aussi l’aide des béninois pour la construction de ce beau projet. Ils doivent devenir fier de « leur » monastère et de « leurs » sœurs et pouvoir dire qu’ils ont contribué.
Ainsi j’ai pu faire une petite vidéo :
et un article a paru dans la Croix du Bénin :
28 et 29 décembre 2017
Monseigneur Aristide Gonzalo, évêque de Porto Novo, fêtait ses 25 ans de sacerdoce.
Sacré évêque il y a deux ans, il était auparavant curé dans le diocèse de Parakou et professeur au Grand Séminaire de Gaah Bako où j’enseigne également.
Fort de ce contact j’ai pu m’inviter à cette cérémonie.
Le soir nous avons eu un concert spirituel. J’ai eu très peur au début, mais le reste a été magnifique.
Le lendemain Mgr Aristide célébrait donc ses 25 ans de sacerdoce et à cette occasion ordonnait deux nouveaux prêtres.
Ces nouvelles ordinations ont permis d’arriver au chiffre incroyable de 25 ordinations, effectuées par l’évêque en deux ans, pour le diocèse de Porto Novo.
Une surprise lors de la messe : je suis le seul blanc parmi tous les prêtres présents. En fait il y a tellement d’ordinations que les étrangers ne sont plus nécessaires. Pour voir des blancs dans le clergé, il faut monter plus au nord où l’évangélisation est plus récente.
29 décembre 2017 – 5 janvier 2018
J’ai eu la grande joie d’accueillir pendant 10 jours une bonne partie de ma famille : parents, frères et sœurs et leurs conjoints et 9 de mes neveux et nièces. Soit 20 personnes au total.
Un petit bus est nécessaire, et c’est le départ pour une belle aventure béninoise.
Nous commençons par Ganvié, citée lacustre à côté de Cotonou
Toute la famille tient dans une grande barque
Découverte d’un autre monde, d’une autre culture
Puis passage obligé au Temple du Python de Ouidah
Et moments émouvants sur la route du départ des esclaves
Avec la Porte du Non-Retour
Visite du musée du royaume du Dahomey à Abomey
Ce voyage est l’occasion de faire des tas de découvertes :
- Les petites bêtes :
- La culture locale
Le porté de bassine sur la tête, avec différents essais plus ou moins concluants
- Différents mets typiquement africains :
Des chips de banane
La fabrication de l’igname pilé
Et dégustation du plat sans couverts mais en utilisant seulement la main pour prendre la pâte d’igname pilé et la tremper dans la sauce.
- La découverte d’un style de vie
En ville
Et dans la brousse
- Découverte des fruits
Papayers et bananiers
La noix de cajou pousse au bout du fruit de L’anacardier
Puis quelques jours à Parakou, où toute la famille est hébergée à l’évêché.
Accueil extraordinaire par les sœurs Contemplatives de Jésus Eucharistie qui en profitent pour me fêter de nouveau mes 50 ans en présence de toute la famille.
Nous avons même droit à un petit spectacle
- Découverte du chantier du monastère
Un moment émouvant du voyage sera la visite de l’orphelinat de Tchatchou où chacun s’est retrouvé avec un petit bébé dans les bras.
En visitant l'orphelinat nous nous sommes rendu compte de l'extrême urgence d'alimenter en eau potable les sœurs Oblates Catéchistes Petites Servantes des Pauvres (OCPSP) qui s'occupent des enfants.
Depuis 3 ans elles n'ont pas l'eau courante et doivent puiser constamment l'eau à la main pour elles et les enfants !
Une petite collecte est lancée pour les équiper rapidement d’une pompe et de panneaux solaires
Merci de l’aide que vous pourrez apporter aux sœurs et aux orphelins.
Contribution possible en cliquant sur le widget ci-contre
Puis départ en safari dans le parc de la Pendjari
Nous abandonnons le bus pour des 4 X 4
Rencontre des crocodiles et des antilopes cobe de buffon
Des hippopotames
Des phacochères
Des éléphants
Des babouins
Le Jabiru d'Afrique
Le héron cendré sur le dos d'un hippopotame
Un grand merci à ma famille pour ce bon et beau moment !
6 janvier 2018
Toute la famille est repartie vers la France.
Je retourne à Porto Novo chez Monseigneur Aristide Gonzalo pour fêter l’Epiphanie.
En 1930, un prêtre missionnaire, le Père Aupiais, découvre la ville de Porto Novo avec toutes ses religions endogènes.
Constatant que les animistes font des processions dans la ville avec leurs divinités, il met en place une gigantesque procession pour l’arrivée des Mages le jour de l’Epiphanie.
Ici on dit que l’Etoile des Mages s’est arrêtée à Porto Novo.
Aujourd’hui, pour tous les porto-noviens, c’est une fête majeure, presque plus importante que Noël.
C’est ce jour là que toutes les familles se rassemblent et qu’on offre les cadeaux.
Dans toutes les paroisses de Porto Novo, la journée commence par la messe
A la cathédrale, l’évêque bénit les « anges » avant la célébration.
Aussitôt après la messe, nous nous installons sur le parvis de la cathédrale et assistons à la « Scène »,
une représentation de l’arrivée des Mages à Jérusalem et la visite à Bethléem.
Ce jour-là, cinq ministres du gouvernement assistent à la messe à la cathédrale et à la représentation.
Le président Talon est allé sur une autre paroisse de la ville. Vive la laïcité vécue à la béninoise !
La nativité
Dialogue entre Hérode et les Rois Mages
L’après-midi vers 17h, toutes les paroisses partent en processions festives vers la place du grand marché.
Tous les anges, les "Vierges Marie", Les "Saints Joseph", les Rois Mages se retrouvent
(Chaque groupe de parapluie indique une paroisse différente et surtout la présence des Rois Mages, puisque le parapluie est l’apanage obligé de tout roi qui se respecte)
L’évêque donne solennellement la bénédiction
Je termine ici cette lettre.
Je vous souhaite les meilleurs vœux pour la nouvelle année et vous assure de mon amitié et de mes prières à toutes vos intentions.