Chers amis,
C’est avec joie que je vous retrouve en ce lendemain de la Toussaint pour vous donner quelques nouvelles de l’apostolat au Bénin.
Juillet 2019
Les grandes vacances sont les mêmes qu’en France pour les scolaires.
Aumônier diocésain de la jeunesse je me dois de visiter les camps de jeunes.
Le camp des guides
Avec les guides nous allons camper à Kpari. Il faut 1h30 pour faire les 30 kms sur une piste de brousse. Un petit bus est loué. Les guides ont préparé leur sacs (en plastique) et leur couchage (natte)
Il faut emporter toute la nourriture pour une semaine (maïs en grain, farine de maïs et de sorgho, poisson séché, bidon d’huile etc.)
Il n’y a pas vraiment de patrouille, les louvettes et les guides campent ensemble. Toutes n’ont pas pu se procurer l’uniforme.
Nous sommes accueillis chez les Sœurs Esclaves du Sacré-Cœur, une communauté missionnaire argentine.
Les mois de juillet et d’août correspondent à la saison des pluies. Le camp se passe près des salles de classe pour que les enfants puissent s’abriter rapidement lors des averses terribles et subites.
Des jeux sont organisés pour aider les filles à exprimer leurs sentiments. Elles doivent mimer la colère, l’angoisse, la tristesse. L’exercice est assez difficile car ici il ne faut surtout rien montrer de ses émotions. Ce n’est pas digne, c’est un signe de faiblesse. Il faut rester neutre.
(On voit la chose particulièrement au moment des accouchements où les femmes n’émettent pas un bruit, sinon ce serait un déshonneur pour elles et leur enfant).
Tressage de feuilles pour faire des auvents.
Un petit coin-cuisine permet de préparer l’ensemble des repas
Les religieuses argentines proposent aux guides de faire du pain de froment et des gâteaux
Le camp scout
J’accompagne également les scouts pour deux jours. C’est un camp « d’amitié ». C’est-à-dire juste un moment de vie ensemble (pas de grands jeux, ni de techniques scoutes).
Nous sommes en plein centre-ville de Parakou dans l’école primaire de la paroisse cathédrale.
Les scouts ont des tentes et les installent dans les salles de classe à cause des trombes d’eau qui tombent à l’extérieur.
Chaque mouvement cherche à se faire aider financièrement en se choisissant des parrains et marraines.
Ici le commissaire diocésain (équivalent de la province en France) avec son équipe et la marraine.
Le camp Feu Nouveau
Le mouvement le plus ressemblant à Feu Nouveau serait Missio.
Recevant une formation intellectuelle et spirituelle forte, les jeunes partent dans un village de brousse pendant une semaine et vivent avec les villageois en cherchant à les évangéliser par des chants, des jeux et des célébrations.
Conscients que le vrai travail (la conversion des cœurs) est fait par le Saint Esprit, les responsables du groupe sont arrivés deux jours avant pour « préparer le camp ». La préparation consiste à partir à pied dans les « stations » environnantes (petits villages dépendant de la paroisse) et y réciter sur la route le chemin de croix et le chapelet pour demander la conversion de cette station . Le premier jour ils sont allés à 8 km, le second à 5 km du village.
Le programme de la journée est sérieux :
Les repas sont simples,
Les veillées sont impressionnantes.
Dans un petit village « station » (une dépendance de la grande paroisse) la communauté était divisée, les gens ne voulaient plus échanger le signe de paix à la messe. Lorsque la prière était organisée par un groupe, l’autre ne venait pas. A leur arrivée, les jeunes du groupe Feu Nouveau sont allés voir les uns et les autres et après quelques jours sont arrivés à ce que l’ensemble du village se retrouve dans un grand pardon mutuel. Les villageois témoignaient eux-mêmes de la chance qu’ils avaient eu d’avoir ce groupe de jeunes missionnaires.
Quand je suis venu célébrer la messe, régnait vraiment une très belle ambiance fraternelle.
Mise en pot du beurre de karité
A l’occasion de mon séjour en France en septembre, je passerai dans différentes paroisses pour parler de la construction du monastère de Boko.
De façon à gagner un peu d’argent au profit du chantier en proposant à la fin des messes des produits béninois, je prépare les petits pots de beurre de karité.
Le Camp « Ecole de la Foi »
Ce camp a rassemblé 75 jeunes du diocèse de Parakou pendant dix jours. Le but est de former les responsables des jeunes dans chacune des paroisses. C’est un peu l’élite !
Ambiance studieuse
Ambiance méditative : Contemplation du coucher de soleil et en rendant gloire à Dieu pour toute sa Création.
Ambiance priante.
Et bien sûr ambiance ludique et festive
Remise des diplômes à la fin de l’école de foi.
Tanzanie
A l’issue des camps je prends deux mois de vacances. Je commence par 15 jours en Tanzanie en rejoignant Alban, ancien paroissien de Notre-Dame des Armées, qui travaille là-bas. J’ai la joie de retrouver sa famille en visite au même moment.
Avec Loïc et Jeanne, Gabriel, Jean et Anne-Gaëlle nous commençons par visiter Zanzibar.
Zanzibar est une région semi-autonome de la Tanzanie. Il est composé de l'archipel de Zanzibar dans l'océan Indien, situé à 25–50 km au large des côtes du continent, et se compose de nombreuses petites îles et de deux grandes îles : Unguja et Pemba. La capitale est Zanzibar City, située sur l’île d’Unguja.
Une vue époustouflante à Zanzibar City.
Une ville animée
Des portes typiques
Petite balade pour découvrir les fonds marins avec palmes, masque et tuba.
Un moment de questionnement philosophique
Rencontre avec les insulaires
Dégustation de lechees.
Le Massai est le gardien local
Puis retour à Dar es Salam où nous retrouvons Alban
et passons un très bon moment avec des « expats » pour une soirée très British.
Le lendemain départ pour le parc de Mikumi et découverte d’une faune extraordinaire.
Enfin descente à Lindi tout au sud du pays, lieu de travail d’Alban.
Découverte de la vie locale
Alban parle admirablement le swahili « Hujambo, Karibu, Akouna matata » (Bonjour, bienvenue, pas de problème)
Poissons et poulpes séchés
Lindi se trouve aussi en bord de mer
Enfin nous visitons le lieu de travail d’Alban.
Son entreprise a mis en culture 8 000 hectares de manioc
Son travail particulier en tant qu’ingénieur a été de construire et de mettre en place
un moulin à farine de manioc
Un immense merci à Loïc et Jeanne pour ce voyage extraordinaire.
Merci à Alban de nous avoir accueilli chez lui et bravo pour cette réalisation formidable.
Merci aussi à Gabriel, Jean et Anne Gaëlle pour les bons moments passés ensemble.
Passage en France
La joie de retrouver les uns et les autres, la famille, les amis (merci pour tous ces bons moments), mais aussi visite de différentes paroisses pour présenter la construction du monastère :
Merci à l’abbé Gérald de Servigny à Saint Michel de Brest (2 septembre).
Merci à l’abbé Fabrice Loiseau à Saint François de Paule de Toulon (8 septembre),
Merci à l’abbé Eloi Gillet à Saint-Charles de Marseille (15 septembre),
Merci au père Pierre Delort Laval à Notre-Dame de Versailles (22 septembre),
Merci à l’abbé Renaud de La Motte à Notre-Dame des Armées de Versailles (29 septembre).
Merci à Dom Jean Pateau à l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault.
Merci enfin à Odon de Cacqueray et à la revue l’Homme Nouveau pour l’interview.
Le mois passe vite et c’est déjà le retour.
Cependant comme à mon habitude je passe au retour par un pays africain situé « sur » le trajet entre Paris et Cotonou.
Nous sommes actuellement trois prêtres du diocèse de Versailles envoyés en mission en Afrique : le Père Modeste Nibiyizi vicaire général à Oran, l’Abbé Thierry Massé en République Démocratique du Congo et moi-même au Bénin.
Découverte de la République Démocratique du Congo et de l’apostolat de l’abbé Thierry Massé.
L’abbé Thierry Massé est depuis 5 ans au Congo-Kinshassa. Directeur spirituel et professeur pour l’année de propédeutique à Limfu dans le diocèse de Kisantu, il vient d’être nommé aumônier des étudiants à Kisantu.
Nous passons quelques jours à Kinshasa.
Découverte de la plus grande ville francophone du monde avec une population de 12 millions d’habitants.
La circulation est saturée, la police rackette les voitures et les motos sous le moindre prétexte. Il faut circuler les vitres levées pour empêcher le vol à l’arraché.
Une originalité : un robot essaye de diriger la circulation
Nous visitons la grande université catholique Unikin de kinshasa, et rencontrons des professeurs universitaires passionnants.
En passant à la cathédrale de Kinshasa nous assistons à une répétition de grégorien. Parfaitement exécuté.
Je vais découvrir que les Congolais chantent admirablement bien. C’est vraiment un régal de les écouter.
Nous croisons également un groupe de jeunes du mouvement « Kisoto et Anuarite » (un jeune saint martyr ougandais †1886 et une sainte congolaise martyr de la pureté †1964).
Pendant la dictature de Kabila les mouvements scouts ont été supprimés mais l’Eglise a reconstitué quelque chose d’un peu similaire.
Visite du Lola ya bonobo, « le paradis des bonobos », qui est un sanctuaire créé par Claudine André dans le but de recueillir et de sauver des bébés bonobos victimes du braconnage et, à terme, de les réintroduire dans une réserve naturelle.
Espèce de singe très particulière, les bébés orphelins ne sont pas adoptés par d’autres femelles de la horde. Il faut donc récupérer ces bébés et les nourrir.
Cependant leur donner à manger ne suffit pas, il faut qu’ils aient une « maman » pour recevoir des câlins sinon ils dépriment et meurent.
Des femmes sont donc embauchées huit heures par jour, pour nourrir et câliner ces bébés bonobos pendant … cinq ans, âge auquel ils pourront rejoindre la horde.
Nous partons ensuite à Lemfu (140 Kms au sud de Kinshasa) avec un groupe de séminaristes
Sur le trajet nous nous arrêtons au Kraal de l’abbé. Le Kraal est tout simplement un immense terrain clôturé destiné au bétail.
L’abbé a acquis des terres et un troupeau de vaches de façon à assurer des revenus pour nourrir ses séminaristes.
Marquage d’un jeune veau par l’abbé Thierry Massé
Arrivé à Limfu, je prêche une petite retraite aux séminaristes. Un très beau moment rythmé par l’oraison, la messe, le chapelet, l’adoration eucharistique. Tout cela avec des jeunes de très belle qualité spirituelle. Prions pour qu’ils soient de saints prêtres.
Un temps est réservé à l’évangélisation du village. Le groupe part d’abord en chantant, puis nous nous répartissons deux par deux dans les maisonnettes pour visiter, prier, témoigner.
Dans le village je découvre la manière de fabriquer les briques pour construire les maisonnettes.
Ici la préparation de la cuisson des briques en argile nouvellement façonnées.
Rencontre sympathique avec le père Richard un ancien élève du père Christian du Rotois, prêtre du diocèse de Versailles qui a été en mission ici à Lemfu.
De retour à Kisantu, la ville où se trouve l’évêché, nous visitons la cathédrale
La République Démocratique du Congo a été évangélisée par les jésuites. Ces derniers ont laissé des bâtiments magnifiques mais souvent en dehors des villages et des villes.
En rencontrant les uns et les autres, j’ai eu l’impression que l’Eglise du Congo est en train de vivre la crise que nous avons connue en France il y a 40 ans.
Il y a beaucoup à faire pour reprendre la pratique du chapelet, de l’adoration eucharistique etc…
Messe de prise de soutane pour les théologiens. Ici à la sacristie avant la cérémonie.
Visite des sœurs de Mère Térésa. Ici un endroit pour permettre aux mamans de bien nourrir leurs enfants.
Visite d’une association qui récupère les jeunes filles mères pour leur donner de l’instruction.
Visite d’un foyer de garçons de l’une des paroisses de Kisantu
Avec l’aumônier du foyer qui garde dans son bureau de quoi nourrir les garçons
Découverte des abeilles mélipone, une famille de mini abeilles sans dard avec leurs mini ruches.
Il existerait 500 espèces de cette famille.
Le séjour se termine.
Un immense merci à l’abbé Thierry Massé pour son accueil fraternel et pour tout le temps qu’il a pris pour me faire découvrir cette partie du Congo
Merci aussi à Odile et Hervé qui nous ont hébergés plusieurs jours à Kinshasa.
Retour au Bénin.
Les travaux du monastère ont un peu avancé pendant mon absence. C’est une bonne chose.
Cependant il faut maintenant rapidement terminer la chapelle qui sera consacrée le 9 janvier 2020 à l’occasion des festivités du jubilé des 75 ans d’évangélisation du diocèse de Parakou.
Rome vient d’envoyer les reliques qui seront insérées dans l’autel
Les Contemplatives de Jésus-Eucharistie résideront au Monastère de Notre-Dame du Très Saint Sacrement.
Pour cette raison nous avons demandé les reliques de :
Sainte Claire d’Assise. Elle a comme attributs une croix surmontée d'un rameau d'olivier (rappel de l'amour de la sainte pour le crucifix), un ostensoir, qui rappelle le jour où les armées sarrasines de Frédéric II ont voulu envahir le monastère de San Damiano en 1240 ou 1241, la sainte se porte au-devant d'eux en leur présentant l'ostensoir contenant le corps du Christ, ce qui les repousse. Elle a aussi parfois une lampe à huile en argile ou une lanterne, métaphore lumineuse de l'ostensoir eucharistique porté par cette patronne des aveugles.
Saint Pierre-Julien Eymard, apôtre de l’Eucharistie. Trois mois avant sa mort, il écrivait : « La plus grande grâce de ma vie a été une foi vive au très Saint-Sacrement »
Saint Jean Paul II, en raison de sa dévotion eucharistique. Il écrira sa 14° encyclique sur l’Eucharistie et son rapport à l’Eglise en 2003 : Ecclesia de Eucharistia (2003) et une lettre apostolique Mane nobiscum Domine en 2004 pour ouvrir l’année de l’Eucharistie (octobre 2004 – octobre 2005)
La clôture est terminée et les portails sont en train d’être fixés. Cela sécurise les religieuses.
Tout en disant cela, nos amis les voleurs sont encore passés au sommet du château d’eau pour voler les panneaux solaires ! Il va falloir des chiens, des lions ou autre bêtes féroces pour empêcher les vols.
Pour cette année, la chapelle étant terminée, il est prévu de commencer la construction d’un grand réfectoire et d’une cuisine. Un projet de 71 700 €.
Grâce aux 12 chambres terminées l’année dernière, à l’installation des panneaux solaires, à la clôture et à la chapelle, l’ensemble de la communauté va pouvoir s’installer en décembre à plein temps au monastère et quitter les deux petites maisons qu’avaient les sœurs au centre de la ville de Parakou.
Cependant elles risquent de camper encore un peu cette année car la cuisine se fera pour l’instant sur feu de bois à l’extérieur.
Grâce à vous, à votre générosité je peux continuer cette belle œuvre. Un immense merci.
Tout en union de prières pendant ce mois de novembre pour tous les défunts de vos familles.
Qu’ils reposent en paix dans le bonheur sans fin avec ce Dieu Amour si riche en Miséricorde.
Amitiés.
Abbé Laurent Guimon